Marie Bélanger Lafrance

Pionnière du Moyen-Nord, couturière, tisserande*

Marie Bélanger Lafrance

Photo : avec l’aimable autorisation de Michelle de la Chevrotière-Eber, arrière-petite-fille de Marie Bélanger, c.1887; provenant de la collection privée de Julienne French Lafrance, épouse de Simon Lafrance, fils de Marie Bélanger Lafrance.

Marie Bélanger est née à Ormstown au Québec en 1869. Suite au décès de son père Christophe Bélanger, Marie et sa mère Marguerite Grenier Bélanger sont déménagées dans l’Est ontarien à St-Isidore de Prescott, où vivaient les grands-parents maternels, les Grenier.

Marie y a épousé François Lafrance, fils d’Onésime et Sophie Lapointe Lafrance, en 1889, à l’âge de 19 ans.

Ils ont alors vécu avec la famille Lafrance à St-Albert, dans le canton de Russell où le frère et demi-frère de Marie étaient également établis. En 1891, suite au décès tragique de Madame Henriette Asselin Lafrance (grand-mère de François Lafrance) dans un incendie, le couple est déménagé à Sturgeon Falls, dans ladite municipalité de Springer.

Au moment de leur déménagement en 1891, la ville de Sturgeon Falls n’avait pas encore été incorporée (date d’incorporation : 1895). La population comptait environ 850 personnes, dont une proportion importante de francophones (33 %). Le premier bureau de poste de Sturgeon Falls a ouvert ses portes en 1891.

Même si la vie des familles pionnières était éprouvante à cette époque, Marie et François ont relevé les défis du Nouvel-Ontario. François a été l’un des premiers laitiers de la région, et Marie était bilingue, ce qui lui donnait un avantage du point de vue de l’adaptation en terre ontarienne.

Marie, femme d’affaires

Marie a non seulement été couturière et tisserande, elle a aussi été une des premières femmes d’affaires à Sturgeon Falls. Artisane, elle tissait ses propres étoffes et confectionnait des robes qu’elle vendait aux femmes de Sturgeon Falls et des villages environnants. Autrefois, les fibres synthétiques n’existaient pas donc on peut s’imaginer que Marie travaillait la laine, le lin et le chanvre, peut-être confectionnait-elle aussi des nappes, des draps, des couvertures et d’autres articles utiles dans les maisonnées d’époque.

Sa clientèle locale devait sûrement lui rapporter un revenu d’appoint qui était fort apprécié de la famille, tout en permettant à Marie d’exprimer sa créativité artistique personnelle.

D’ailleurs, Maire portait fièrement ses créations confectionnées à partir de tissus qu’elle avait elle-même tissés comme c’est le cas dans la photo prise vers 1887 (voir ci-dessus) alors qu’elle avait 17 ans, soit environ 2 ans avant son mariage.

La descendance de Marie

Entre 1890 et 1911, Marie a donné naissance à 13 enfants dont 8 ont survécu. En 1922, à l’âge de 53 ans, Marie a également adopté une petite fille prénommée Marguerite, dont la mère était décédée d’une appendicite gangreneuse et le père d’une fièvre typhoïde, quelques jours après la naissance de l’enfant.

L’enfant Marguerite était prématurée et de santé fragile. Sans incubateur, Marie faisait ce que les mères et sages-femmes faisaient à cette époque — elle a placé le nouveau-né sur le bord de la fenêtre pour lui permettre d’absorber la chaleur des rayons du soleil !

À l’âge adulte, Marguerite a épousé Robert Gareau à Sturgeon Falls en 1940, avec qui elle eut 3 enfants.

Parmi les 8 enfants de Marie et François, la plus jeune des filles, Jeanne, est devenue religieuse dans la congrégation de Sainte-Croix en 1928 (Sr Saint-François).

Un des fils, Aldéric, a été propriétaire avec sa femme Yvonne McMurray Lafrance, de l’hôtel Prince George à Kirkland Lake de 1950 à 1972.

Paul, l’aîné des fils, et sa femme Laura Serré ont eu 13 enfants, dont 3 qui habitent toujours Sturgeon Falls.

Photo de famille de Marie Bélanger et François Lafrance, c. 1930-1933

Marie B. et famille

Photo : avec l’aimable autorisation de Michelle de la Chevrotière-Eber, arrière-petite-fille de Marie Bélanger, provenant de la collection privée de Julienne French Lafrance, épouse de Simon Lafrance, fils de Marie Bélanger Lafrance.

Derrière, de g. à d.: Paul, Philippe, Romuald, Aldéric, David, Simon. Devant, de g. à d.: Francois, inconnue, Jeanne (Soeur), Marie, Hedwidge En avant : Marguerite.

Marie est décédée en 1950 à l’âge de 81 ans. Elle est inhumée au cimetière Sainte-Marie à Sturgeon Falls.

Note historique : Marie a été connue par sa descendance comme étant « Marie de Prescott ». St-Isidore de Prescott est situé dans le canton de Prescott et Russell dans l’Est ontarien. Au moment de l’incorporation de ce village en 1989, le nom officiel est devenu St-Isidore. Puis, en 1998, le village, et son nom ont été agglomérés dans la municipalité de La Nation.

*J’aimerais remercier Michelle de la Chevrotière-Eber bien chaleureusement pour sa générosité et sa disponibilité. Michelle a partagé les dossiers personnels de son arrière-grand-mère avec les Elles du Nord et a rédigé la première version de ce profil (en anglais). Avec son aimable collaboration, j’ai traduit et adapté le texte pour le publier sur ce blogue.  Je remercie également Mark Wheeler de nous avoir mises en contact.

Références : Texte de Michelle de la Chevrotière-Eber, arrière-petite-fille de Marie Bélanger Lafrance; ontarioplaques.com; thecanadianencyclopedia.com; « Histoire de Sturgeon-Falls », Documents historiques no 12, Société historique du Nouvel-Ontario, Collège du Sacré-Cœur, Sudbury, Ontario, 1946.

Certification 2013

Le Grand Déménagement

Familles pionnières du Lac St-Jean dans le Nord de l’Ontario

Du bleu du lac (Livre publié aux Éditions Cantinales à Hearst, 2002)

«La vie de Florence [Leboeuf Fortin] était un peu difficile dans le Nord de l’Ontario, puisqu’elle avait laissé sa mère, et ses frères et ses sœurs au Lac St-Jean. Elle a dû s’adapter à la fois à sa belle-famille et aux maringouins du Nord de l’Ontario».

— Famille Fortin*, dans Du bleu du lac au vert de la forêt, p. 164

Au tournant de l’après-Deuxième Guerre, une génération de gens du Lac-St-Jean a quitté sa patrie en vue d’un avenir meilleur en Ontario. Déracinement. Épreuve. Espoir.

C’est ainsi qu’entre les années 1950 à 1957, une cinquantaine de familles provenant de 19 villes et villages du Saguenay-Lac-St-Jean sont déménagées dans le Nord de l’Ontario pour « faire de la terre** », et participer à la fondation d’une communauté canadienne-française catholique.

Courage. Confiance. Détermination. Volonté. Leadership… OUI ! Et dévouement aussi…

Ces nouveaux arrivants ont vite compris que la forêt leur offrait des atouts que la terre n’offrait pas. La charrue fit place à la scie mécanique dans la vie de plusieurs familles. Pour d’autres, ce fut la construction et la voierie qui ont été leurs moyens de subsistance lorsque l’agriculture ne donnait pas les résultats espérés.

Des Bergeron aux Villeneuve, en passant par les Fortin et les Tremblay, les Laberge et les Bouchard, et combien d’autres familles encore, la Route 11 est devenue leur terre d’accueil — à Strickland, Grégoire’s Mill, Fauquier, Moonbeam, Kapuskasing, Val-Rita. Harty, Opasatika, Mattice et Hearst.

La vie des femmes à l’époque du Grand Déménagement

Le message qui suit est un exemple des types de messages qui étaient donnés par la Jeunesse agricole catholique féminine (J.A.C.F.) aux jeunes filles du Saguenay pour les inciter à collaborer à l’oeuvre colonisatrice dans le Nord de l’Ontario —

« Et si, demain encore, on venait réclamer notre jeunesse pour la donner à d’autres coins du pays à conquérir, le Nord-Ontario, par exemple, jeunes rurales serions-nous prêtes ? Il faudrait partir alors; oui, il faudra partir courageusement pour agrandir le pays catholique, pour le peupler d’âmes saines et fortes et pour accomplir près de nos parents ou de nos époux ce rôle de collaboratrices dont ils ne sauraient se passer ».

— Anne-Marie Larouche, citée dans Du bleu du lac au vert de la forêt, p. 163. 

* * *

Lorsque les femmes ont quitté leur Saguenay natal pour accompagner leurs parents ou leur mari dans le Nord rural, elles laissaient souvent derrière elles des « commodités » de la ville. À leur arrivée en Ontario-Nord, la plupart des femmes ont dû s’accommoder d’une vie familiale sans électricité ou eau courante, parfois même dans des maisons qui n’étaient  pas isolées contre le froid!

Les femmes avaient souvent à gérer les défis imposés par l’isolement et la langue, ainsi que les dures réalités de l’éloignement fréquent du mari pour le travail.

À leur arrivée en terre ontarienne, les maisons n’étaient pas toujours prêtes à les accueillir. Certaines mères ont dû s’organiser tant bien que mal dans le partage des locaux avec d’autres personnes dans un espace souvent restreint ou pas toujours à la hauteur des attentes ou des besoins.

Le choc des cultures avec l’Ontario anglophone, le dépaysement des enfants, les horaires ardus des maris, l’ennui de la parenté — les femmes élevaient des familles de 10 à 15 enfants, parfois même plus, dans des conditions exigeantes qui offraient peu de répit, peu de repos. Certaines mères de famille étaient enceintes au moment du Grand Déménagement, d’autres ont fait le voyage avec une dizaine d’enfants déjà à charge.

Par leurs innombrables contributions à la vie sociale et économique de la région, ces Elles et ces Ils du Nord, Québécois de naissance, Franco-Ontariens d’adoption, ont façonné l’avenir de ce coin de pays le long de la Route 11.

Par leur intention sans cesse renouvelée de parler et de vivre en français, ces femmes et ces hommes ont légué un héritage dont profitent encore et toujours les générations du Nord aujourd’hui.

* La famille Marcel Fortin et Florence Leboeuf est partie de St-Edmond-des-Plaines au Lac St-Jean en 1953 pour s’installer à Moonbeam. Elle fait partie de la «vague bleue» des familles colonisatrices du Nord de l’Ontario.

**Expression utilisée par Pierre Ouellette, Du bleu du lac au vert de la forêt, p. 13.

Référence : L’histoire des Saguenéennes et des Saguenéens qui ont élu domicile dans le Nord de l’Ontario dans les années 50 est racontée dans le livre Du bleu du lac au vert de la forêt. Ce projet a été lancé par Lawrence et Marie-Jeanne Laberge Murray qui sont arrivés à Harty de St-Prime en 1957. Publié aux Éditions Cantinales à Hearst en 2002, le livre rassemble les écrits des descendants de ces femmes et de ces hommes pionniers, ainsi que plusieurs textes signés par des historiens communautaires et universitaires. Plusieurs descendants de ces cinquante familles vivent toujours dans le Nord de l’Ontario.

Certification 2013

Dominique Bouchard

Nageuse de compétition

Dominique Bouchard 2014

Photo : avec l’autorisation de Marise et Yvan Bouchard

Citoyenne du monde, Dominique est née en Alberta en 1991, et a grandi à Kirkland Lake et North Bay.

Elle a étudié à l’école secondaire catholique Algonquin à North Bay, et a été membre du club de natation North Bay Y Titans de 1998 à 2009.

Par la suite, Dominique a étudié aux États-Unis. Depuis son jeune âge, elle participe à des compétitions de natation dans plusieurs villes et pays, dont Sydney en Australie, Londres en Angleterre, Shenzhen en Chine, ainsi que plusieurs villes américaines.

Dans sa discipline de compétition, Dominique est spécialiste des épreuves de dos au 50 mètres, 100 mètres et 200 mètres, ainsi qu’au 200 mètres 4 nages.

Elle relève les défis de la compétition depuis l’âge de 7 ans au palier régional, national et mondial. Athlète réputée, Dominique se classe fréquemment parmi les trois meilleures dans les compétitions auxquelles elle participe.

En 2008, à l’âge de 17 ans, elle a obtenu sa première médaille au niveau international (argent) à Sydney en Australie. Cette médaille lui a été décernée lors du Festival des Futurs Olympiens (Youth Olympic Festival).

En 2010 et 2011, Dominique a fait partie de l’équipe canadienne de natation, d’abord aux Jeux Panpacifiques à Irvine  en Californie, et par la suite, aux Universiades d’été en Chine. Au cours de ces deux Jeux, elle a participé au 100 mètres et 200 mètres dans les épreuves de dos. Elle s’est classée 4e  dans les épreuves de dos au 200 mètres.

Dominique (nage)

Dominique a obtenu le titre de championne canadienne à plus d’une reprise et a fracassé des records. En 2012, elle s’est classée 4e aux Essais olympiques, et 3e au championnat NCAA, tout en  obtenant le record du 200 mètres aux épreuves de dos de la division sportive Big Twelve aux États-Unis. Elle est présentement détentrice de ce record (en date de 2013).

En 2013, à Indianapolis, elle a obtenu une 2e place aux championnats NCAA dans l’épreuve de dos 200 mètres, où elle a battu son propre record. Ce record s’avère également être le record de l’Université du Missouri, où Dominique poursuit ses études depuis 2010. En battant ce record, Dominique s’est classée 7e pour la performance la plus rapide dans toute l’histoire des championnats NCAA !

Au cours de l’année universitaire 2012-2013, Dominique détenait le titre de Capitaine de son équipe de natation, et a été nommée « joueur le plus utile » (MVP) de son équipe en mai 2013. Elle fait également partie du Oakville Aquatic Club, un club de nage compétitive.

En 2014, elle a obtenu deux diplomes universitaires, dont un baccalauréat en sciences bilologiques et un baccalauréat en psychologie (cum laude). Elle poursuit présentement ses études de maitrise en administration des services de santé (Masters in Health Administration) à l’Université du Missouri en vue d’une éventuelle carrière dans les soins de santé.

En 2014, Dominique a fait partie de l’équipe nationale canadienne de natation et a représenté le Canada aux Jeux Pan Pacifiques en Australie au mois d’août de la même année. Lors de ces Jeux, elle a dépassé deux de ses records personnels dans le 100 et 200 mètres dans les épreuves de dos. Elle s’est également classée 5e et 6e respectivement dans ces deux courses qui incluaient six des meilleures nageuses au monde dans cette catégorie de nage.

Dominique poursuit son entraînement aux États Unis et espère se qualifier au printemps 2015 pour les Jeux Mondiaux de natation a Kazan en Russie. Elle fera également partie de l’équipe canadienne aux Jeux Panaméricains  à Toronto en juillet 2015. Dominique a partcipé aux jeux Olympiques d’été à Rio de Janeiro au Brésil en 2016 (jusqu’en demi-finales). Une carrière à suivre…

Références : missourigrandprix.com; swimming.ca; lequiipe.fr; swimmingworldmagazine.com; northbaynipissing.com; oakvilleaquatics.ca; texte de Yvan et Marise Bouchard.

Certification 2013