Juliette Rose Ann (Dawson) Bélanger

Pionnière du Nord-Est ontarien, militante pour l’éducation, conseillère scolaire, chef de file pour les femmes, bénévole d’exception

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Rose Ann (Dawson) Bélanger, 1905, avec l’autorisation de Diane Bélanger Armstrong

« Pour la première fois, je partage l’enthousiasme de Joseph Odilon envers ce projet d’un nouveau pays, mais ma tête me dit que je serais comme un arbre sans sa forêt. »

— Rose Ann Bélanger, janvier 1906, en pensant au réseau familial et social qu’elle laisserait derrière elle au Québec si elle déménageait en Ontario

Fille de Philomène Girard et John Dawson qui était navigateur sur les remorqueurs de la Canadian Pacific Railway (CPR), Juliette Rose Ann est née à Lévis QC en 1876. Son père d’origine irlandaise était bilingue alors que sa mère québécoise était unilingue francophone. Philomène Girard a mis au monde 16 enfants dont 11 qui ont survécu l’enfance. Rose Ann et ses frères et sœurs étaient tous bilingues, ce qui s’est avéré être une situation plutôt avantageuse pour Rose Ann lorsqu’elle est déménagée en Ontario au début du 20e siècle.

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Joseph Odilon Bélanger, 1905

Surnommée Dollie par son père en raison de sa petite taille (doll signifie poupée), Rose Ann a mené une vie de pionnière dans le Nord de l’Ontario à partir de 1907. Elle a épousé Joseph Odilon Bélanger, natif de Montmagny QC en 1901, avec qui elle a fondé une famille de 8 enfants. Féministe bien avant que le mot ne soit à la mode, Rose Ann a défendu avec ferveur les droits des femmes, des enfants et des démunis pendant 35 ans dans le nord-est ontarien — sa terre d’adoption.

Les archives officielles de l’époque n’étant pas toujours disponibles, les recherches menées par sa petite-fille Diane (Bélanger) Armstrong de Timmins ont néanmoins démontré que Rose Ann était enseignante, ferrée en anatomie, connaissante en soins infirmiers, dramaturge, musicienne, dentellière et couturière, en plus d’afficher des compétences en mathématiques, sciences, histoire et politique ! Et tout ça, avant même que les femmes canadiennes n’aient obtenu le droit de vote !

Avant de planter leurs racines fermement dans le témiscaming ontarien, la famille Bélanger a vécu dans l’Ouest canadien et au Québec, mais c’est à Dane, et par la suite, Elk Lake, Latchford et finalement, Haileybury, qu’ils ont laissé leur marque sur l’histoire de la province.

Lorsque Rose Ann et Joseph Odilon sont arrivés à Dane, Ontario en 1907, leur maison en bois grossièrement équarri ne mesurait que 16 pieds carrés, et pourtant, non seulement la famille devait-elle y vivre, mais la maison servait aussi de station de train et de bureau de télégraphie, (Joseph Odilon était télégraphe), de salle de bagages pour les voyageurs et de dépôt pour le courrier.

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Première maison des Bélanger à Dane, Ontario, 1907

Sans électricité, ni eau courante, ni même de routes pour se déplacer entre les maisons ou les villages, la famille Bélanger cohabitait avec des « millions de maringouins et de mouches noires » et se déplaçait dans la boue jusqu’aux genoux ! Il fallait bien du courage et de l’optimisme pour aller de l’avant et bâtir un nouveau pays dans des conditions aussi précaires.

À cette époque des débuts 1900, il n’y avait ni magasin, ni épicerie dans le minuscule village de Dane. La nourriture était commandée par service télégraphique et livrée par train. Enseignante de formation, Rose Ann aurait voulu enseigner aux enfants du village (ils étaient 11 enfants en tout à ce moment-là compte tenu des 3 familles francophones qui y habitaient), mais la loi ne permettait pas aux femmes mariées d’enseigner à cette époque.

En 1912, Joseph Odilon fut muté à Elk Lake où la famille s’est installée jusqu’en 1928. Rose Ann y est devenue la première femme conseillère scolaire en 1920 et aussi la première femme présidente du conseil scolaire d’Elk Lake en 1923. Cette femme d’action s’est rendue à Queen’s Park à plus d’une reprise pour y rencontrer le premier ministre Howard Ferguson et l’inciter à appuyer la construction d’une école. Les enfants à Elk Lake fréquentaient depuis trop longtemps une « cabane » insalubre, sans installations convenables à l’apprentissage, ni plomberie. Armée de courage et d’une détermination inébranlable, Rose Ann a défendu leur droit à une école neuve. La nouvelle école enfin ouvert ses portes en 1928 !

Les souvenirs racontés par Rose Ann dans son journal intime ont permis à sa petite-fille Diane Bélanger Armstrong de raconter l’histoire de cette pionnière qui n’a pas eu froid aux yeux. Ses pensées notées à même son journal ne laissent aucun doute quant au bonheur que Rose Ann a vécu dans son rôle de bâtisseuse, allant même jusqu’à inventer une recette de tourtière à l’orignal lorsque les ingrédients traditionnels de la recette de sa mère n’étaient pas disponibles !

Rose Ann a été de toutes les causes, desservant les familles, les enfants, les soldats et les vétérans. Le soin des animaux blessés, l’accueil des immigrants chinois dans leur demeure, l’enseignement de cours de musique aux enfants pauvres des villages où la famille Bélanger a vécu —  cette bénévole d’exception n’a jamais hésité à ouvrir son coeur et sa maison. Et Rose Ann a aussi connu la satisfaction de voter à une élection fédérale pour la première fois en 1918 ! Événement historique marquant dans la vie d’une femme comme Rose Ann qui était instruite, ouverte d’esprit et fort intéressée par l’actualité et la politique de son pays à une époque où les femmes étaient généralement reléguées au silence et à l’arrière-plan.

Rose Ann était un modèle d’adaptation, une femme qui a enseigné à sa descendance que l’impossible était toujours possible… Veuve à partir de 1936, elle a poursuivi son œuvre jusqu’à l’année de son décès à Haileybury en 1942. Son esprit d’aventurière fut transmis à ses enfants qui ont tous et toutes eu des parcours de vie intéressants et engagés dans le bien-être de leur communauté dans différentes villes du Nord.

*J’aimerais remercier bien chaleureusement Diane Bélanger Armstrong pour sa générosité et sa disponibilité. Diane  s’est fait un plaisir de répondre à mes questions pendant ma période de lecture de son livre, et par la suite, dans la relecture du résumé que j’ai rédigé pour les Elles du Nord. Merci !

Diane Armstrong livreRéférence : Mud, Muskeg & Mosquitoes : The Life and Legacy of a Northern Ontario Pioneer, par Diane (Bélanger) Armstrong, petite-fille de Rose Ann (Dawson) Bélanger et chroniqueure au Timmins Times. http://www.wmpub.ca/1149-mud.htm   Certification_2014

Carolle Beaulieu-Pitre

Enseignante, artisane, promotion des droits des femmes, des francophones et de l’artisanat canadien français traditionnel, bénévole

Carole Beaulieu-Pitre

Photo : avec l’autorisation de Carolle Beaulieu-Pitre

« C’est crucial de connaître nos femmes canadiennes. J’ai siégé pendant 11 ans au conseil d’un refuge pour femmes, et si on connaissait mieux notre histoire en tant que femmes, on serait sans doute plus fortes. » — Carole Beaulieu-Pitre, 2014

Née à Lejeune, Québec, Carolle a quitté sa terre natale pour vivre le début d’une aventure dans le Nord de l’Ontario en 1976. Elle a d’abord habité à Sudbury, et depuis 1982, elle réside à Wawa dans le Nord-Ouest de la province où elle a fait carrière en enseignement.

Carolle a fait des études collégiales en graphisme au Céjep de Rivière-du-Loup (1972-1974) et au Céjep du Vieux-Montréal (1974-1975). Par la suite, elle a obtenu un baccalauréat à l’Université Laurentienne de Sudbury en 1982 et une spécialisation en éducation de l’enfance en difficulté en 1997.

Elle a dévoué trois décennies à l’enseignement dans les écoles du Nord de l’Ontario de 1982 à 2012. Au cours de sa carrière, elle a été enseignante diagnosticienne bilingue pour les Services intégrés des enfants du Nord (2000-2005), et a œuvré en éducation spéciale de 2009 à 2012. Carolle a également obtenu un M.Ed. à l’Université de Toronto en 2006.

Elle a joué un rôle clé pour instaurer le programme d’intégration des arts visuels avec les résidents de longue durée du Centre de santé Lady Dunn à Wawa avec ses élèves. Elle a également investi des efforts au sein de l’AEFO à divers titres entre 1984 et 1995.

Parallèlement à sa carrière en enseignement, Carolle se découvrait aussi comme artiste. Dès 1968, elle a fait des études en sculpture sur bois à l’école La Vastringue à Saint-Jean Port Joli et suivi un premier cours de tissage au métier offert par l’Artisanat Chamard.

Mais son véritable envol artistique s’est produit au moment de sa retraite en 2012, un moment charnière dans sa vie d’artiste où elle a pu renouer avec ses passions d’autrefois en se consacrant aux formes ancestrales d’artisanat : « J’ai recommencé à faire du tissage aux doigts afin, d’une part, de faire connaître notre héritage francophone et, d’autre part, de créer des pièces modernes pour maintenir cette technique vivante. »

Sa passion de l’art et des ouleurs lui a été transmise par sa mère — une amoureuse passionnée de la nature qui inspirait sa fille par une description imagée des paysages colorés et uniques du Bas-Saint-Laurent. Le rythme, le geste, les couleurs, les textures, les motifs, la complexité et la beauté du tissage — l’artisane s’est laissée séduire dès son enfance.

Carole B-P tissage

À cette étape de sa vie, le tissage aux doigts est devenu pour Carolle un univers captivant et poétique. Un élan du cœur la conduit plus précisément vers la ceinture fléchée : « Ce qui m’a plu dans le tissage aux doigts, c’est que je pouvais toucher continuellement la laine. C’est un médium facilement malléable, doux, soyeux qui offre une panoplie de possibilités obtenues par des mariages de couleurs et l’entrelacement des fils. C`est ma façon de transmettre une part de mon héritage culturel francophone. »

Un autre « fil conducteur » de sa vie a été le bénévolat. Soucieuse de l’accès aux services pour les collectivités francophones de sa région, Carolle œuvre depuis des décennies au sein de causes qui lui tiennent à cœur — la francophonie, les femmes, la jeunesse et les sports. Elle a  été membre, vice-présidente ou présidente de plusieurs conseils francophones afin de promouvoir la richesse et la beauté de la langue française, en plus d’assurer des services en français dans sa région (Wawa Healthy Lifestyles Coalition, Chadwic Home, Women In Crisis, Growing Wawa).

Elle a également été instructrice de ski de randonnée et de patin artistique dans le but de permettre aux francophones de participer à ces sports, et a été membre de la Patrouille canadienne de ski (1991- 1995), instructrice de la patrouille junior de ski pour les 14-18 ans et membre patrouilleur pour The Black Fly Run.

Même si Carolle poursuit encore ses nombreuses passions par la suppléance en milieu scolaire et l’entraide en milieu communautaire, l’heure de sa vie est maintenant au tissage — cet art qui n’est devenu rien de moins que sa poésie… Des sculptures qu’elle tisse avec de la laine et qu’elle offre en héritage aux générations.

Références : http://brinsdarcenciel.com; texte de C. Beaulieu-Pitre

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Madeleine (Bouchard) Brassard

Portrait d’une pionnière, cofondatrice de Strickland, maman canadienne

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Étienne et Madeleine Brassard
Fondateurs de Strickland (Ontario)
Avec l’aimable autorisation de Lionel Beaulieu

« Dans une fondation, il y a toujours des choses qui manquent plus que d’autres. À Strickland, c’est le bon pain de « chez nous » qui manquait. On essayait bien de le remplacer par de la galette; elle avait triste mine à la place du bon pain ! Donc, il fallait cuire et vite ! »

— Madeleine Bouchard Brassard, lors de son arrivée à Strickland pour fonder la nouvelle paroisse, 1917

Née le 11 janvier 1863 à St-Irénée dans la région de Charlevoix Qc, Madeleine est la fille de Louise Perron* et de Hermenegilde Bouchard. La 8e d’une famille de 10 enfants, elle a vécu à St-Irénée jusqu’en 1881, année de son mariage à Étienne Brassard de Chicoutimi le 25 janvier.

Par la suite, le couple Brassard a vécu dans plusieurs municipalités de la région du Saguenay (Chicoutimi, l’Anse-Saint-Étienne, Saint-Gédéon), avant d’élire domicile permanent à Strickland en 1917, faisant d’eux la famille fondatrice de ce comté de l’Ontario-Nord.

C’est auprès de ses parents et de ses frères et sœurs que Madeleine a appris le sens du mot courage. Élevée par une mère devenue orpheline en bas âge, la mère de Madeleine, une enseignante de profession, a été pour les enfants Bouchard un modèle d’amour inconditionnel et de générosité sans bornes.

Dans un témoignage de ses souvenirs** rédigés en fin de vie, Madeleine raconte, en parlant de sa mère, qu’elle « saisit toujours l’occasion de faire du bien autour d’elle, comme soigner les malades, assister les mourants, ensevelir les morts, hospitaliser les malheureux; elle avait du courage pour tout.»

Ces leçons de vie ont été gravées dans le cœur de Madeleine qui est devenue, à l’âge adulte, une femme à l’image de sa mère — accueillante, aimante, vaillante. Le modèle même de la maman canadienne, expression que Madeleine utilise dans ses mémoires lorsqu’elle fait l’éloge de sa mère dévouée.

La famille immédiate et la famille étendue de Madeleine ont eu une longue tradition de vocation religieuse. Cette exposition aux prêtres, aux religieux et aux religieuses préparait Madeleine, sans qu’elle le sache à l’époque, à son futur rôle de pionnière et de « mère d’accueil » dans le Nord de l’Ontario. Cette mère pionnière a mis au monde 11 enfants, dont 3 sont décédés en bas âge.

Outillés par les défis de la vie — maladie des êtres chers, deuils multiples et rapprochés sur la ligne du temps, périodes de sècheresse suivies d’incendies dévastateurs, pertes et adaptations fréquentes, accueil d’orphelins, séparations touchantes et adieux multipliés — Madeleine et Étienne Brassard, alors âgés respectivement de 54 et 60 ans, ont quand même eu le courage de se lancer dans une nouvelle aventure dans le Nord de l’Ontario au début du 20e siècle. « Le Bon Dieu nous a souvent visités par la maladie, même par la mort. Cependant, le courage ne nous a jamais manqué, nous étions soutenus par sa grâce. », de raconter Madeleine dans ses mémoires.

Les débuts de Strickland

C’est en 1916 qu’Étienne Brassard, menuisier-forgeron de profession, décide de quitter sa terre natale. C’est alors qu’il monte à bord du premier train officiel qui menait les nouveaux colons vers le Nord de Ontario.

Un an plus tard, Madeleine est venue le rejoindre pour fonder avec lui la nouvelle communauté canadienne-française de Strickland.

Il faut dire que Madeleine n’était pas la première de la famille Bouchard à s’expatrier du Québec. Son frère aîné Louis fut, le premier de la famille à déménager en Ontario (North Bay) où il vécut jusqu’à son décès. D’autres frères et sœurs sont déménagés aux États-Unis ou au Manitoba.

En 1916, l’Ontario-Nord était « le pays des terres nouvelles et du bois de pulpe », ce qui avait attiré Étienne Brassard à y construire un premier « campe » de 20 pieds, accompagné de quelques hommes de St-Jérôme.

L’été suivant, en 1917, Madeleine le rejoint avec leur fille Étiennette faisant des Brassard la toute première famille à s’installer en permanence à Strickland. Dans ses mémoires, Madeleine avoue cependant qu’elle croyait que son séjour ontarien allait être temporaire, mais au fil des ans, les racines d’une nouvelle vie ont été creusées. Quelques-uns de leurs enfants sont également venus bâtir un « chez nous ontarien ».

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Première maison construite à Strickland vers 1922, les propriétaires Étienne et Madeleine Brassard y ont vécu jusqu’en 1930, d’autres membres de la descendance Brassard y ont vécu jusqu’en 1953

À Strickland se multiplient les travaux et les accueils — construction d’une première maison (24 pieds) qui, plus tard, sera transformée en chapelle, mise sur pied d’un moulin à scie en 1922, gestion familiale du moulin à scie jusqu’en 1945, et hébergement de plusieurs curés pendant de nombreuses années puisque Strickland était sans presbytère à l’époque.

Affligée par le glaucome, Madeleine a néanmoins écrit son témoignage de vie à l’âge de 79 ans. Des membres de sa descendance ont suppléé au document initial, question de le compléter en appuyant les souvenirs de leur mère.

Madeleine est décédée le 1er février 1952, à l’âge de 89 ans. Elle lègue en héritage non seulement ses souvenirs, mais une lignée qui continue à envisager l’avenir avec confiance et qui se fait un devoir d’honorer la mémoire de leurs ancêtres.

*À l’origine, le nom ancestral de la famille Perron était Suire. Le grand-père de Madeleine avait construit un petit quai où pouvaient accoster les embarcations sur la rivière de la Malbaie. Le petit quai avait été surnommé «perrron» par les habitants de la région, d’où le nom de famille Perron par la suite.

** J’aimerais remercier très chaleureusement Lionel Beaulieu, arrière-petit-fils de Madeleine Bouchard Brassard, d’avoir partagé les archives de sa famille avec les Elles du Nord. Sa confiance et sa générosité ont rendu possible la rédaction de ce portrait d’une pionnière du Nord de l’Ontario qui, par sa vie et ses écrits, témoigne non seulement d’une vie personnelle et familiale, mais des valeurs et des réalités de toute une époque. Merci…

Note historique : Lorsque Étienne Brassard est venu en Ontario pour la première fois en 1916, il a logé dans un abri de fortune construit de branches de sapin.  «Le premier geste de ce fondateur de paroisse avait été d’élever une grande croix noire en bois. Mgr Latulipe, alors évêque de ces lieux [lit-on dans les registres de la paroisse], passe sur un train et apercevant cette grande croix en pleine forêt et les premiers colons agenouillés pour recevoir sa bénédiction ne put s’empêcher de pleurer». (Extrait du Progrès de Saguenay, 1937).

Références : texte de M.Bouchard Brassard; textes de L. Beaulieu.

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LES MOTS DE MADELEINE…

Les souvenirs légués par nos ancêtres sont une richesse noble qu’il fait plaisir de conserver et d’aimer. La liste qui suit présente plusieurs exemples de la belle plume de Madeleine Bouchard Brassard dans la rédaction de ses souvenirs.

Je crois rajeunir en parlant du petit coin de terre qui m’a vue naître. (en parlant de la rédaction de ses mémoires)

Il fallait du courage pour s’enfoncer ainsi dans la forêt, car il n’y avait pas de chemin. (en parlant des pionniers)

La plume n’est pas capable d’écrire tout le bonheur qu’on éprouve en recevant la visite de ses chers parents. (en parlant du plaisir éprouvé à revoir les êtres aimés)

Comme les desseins de Dieu ne sont pas les nôtres, Il a sa manière à Lui de sanctifier les saints. (en parlant de la souffrance des êtres humains sur terre)

Sur le chapitre de la charité, elle était d’une exigence rare.  (en parlant des leçons de vie enseignées par sa mère)

Comme elles brilleront dans le ciel « ces mamans canadiennes ». (en parlant du sacrifice et de la générosité des mères)

La mort visite notre foyer pour la première fois en 1902. (en parlant du décès de leur fils Basile à l’âge de 9 mois)

Puis, les berceaux se multiplièrent ! (en parlant des naissances de ses petits-enfants)

Il en faut [de la joie et de la tristesse] dans la vie, puisque c’est comme cela qu’on s’en va vers le ciel. (en parlant des bonheurs de la vie qui sont suivis par des peines)

Certification 2013

Micheline Beaudry-Somcynsky

Visionnaire pour les droits de la personne, diplomate, experte-conseil en relations internationales, cadre supérieur, linguiste, auteure, choriste, chef de file pour les femmes

Micheline Beaudry

Photo : avec l’autorisation de Micheline Beaudry-Somcynsky

«Le travail de diplomate est fascinant. Dans le déroulement de ma carrière, j’ai pu travailler dans une grande variété de domaines pour la promotion et la défense des intérêts du Canada à l’étranger. J’avais l’impression de vivre l’histoire en devenir et d’apporter ma contribution à son déroulement».

— Micheline Beaudry-Somcynsky, 2013

Née à Verner en 1949, Micheline est la fille de Florine Jalbert et d’Ernest Beaudry. La 9e d’une famille de onze enfants, elle a grandi sur la ferme de ses parents à Verner.

Elle a fait ses études primaires à l’école St-Jean-Baptiste de Verner et ses études secondaires au Pensionnat Notre-Dame de Lourdes à Sturgeon Falls.

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Ferme familiale de la famille Beaudry à Verner

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École St-Jean Baptiste à Verner

Dès son adolescence, Micheline s’est impliquée au sein de sa collectivité. Élue vice-présidente de l’Association générale des étudiants franco-ontariens, elle a milité pour le droit d’étudier en français en Ontario et pour l’accès des femmes aux études supérieures.

Micheline a obtenu une maîtrise en Linguistique appliquée à l’Université d’Ottawa en 1972. Pendant ses années sur le campus, elle a fondé et présidé l’Association des étudiants du département de linguistique, et a rédigé une chronique hebdomadaire sur les enjeux du monde étudiant dans le journal étudiant La Rotonde.

Femme de vision pour les langues et les droits de la personne, elle a insisté auprès du Département de linguistique de l’Université d’Ottawa pour qu’il offre des cours de langues des premières nations du Canada. Suite à ses efforts, un cours de langue Cree et un cours de langue Inuktitut ont été mis sur pied. Micheline est elle-même polyglotte, ayant appris neuf langues.

La vie de Micheline a pris un tournant international lorsqu’elle a quitté sa terre canadienne en janvier 1973 pour vivre en Argentine avec son conjoint Jean-François Somcynsky. Elle a enseigné des cours sur l’application de la neurolinguistique à la thérapie du langage à l’Université de Buenos Aires. Ce domaine étant alors inconnu en Argentine, Micheline fut la première à l’enseigner et à travailler dans ce domaine avec une équipe de l’Hôpital Alvear.

Par la suite, elle a présidé l’Association Canada-Argentine qu’elle avait aidé à fonder en partenariat avec des chefs d’entreprises canadiens et l’ambassade du Canada. Les buts du Club Canada étaient de promouvoir le Canada, aider les entreprises canadiennes à s’établir en Argentine et fournir un lieu de rencontre entre Canadiens et Argentins intéressés par le Canada. Sous sa direction, le Club a organisé une tournée en Argentine du Royal Winnipeg Ballet et a monté une exposition majeure d’objets d’arts canadiens.

De retour au Canada en 1975, Micheline a été embauchée par l’Agence canadienne du développement international (ACDI) au sein de laquelle elle a été diplomate au service du gouvernement canadien pendant 27 ans. Micheline a été l’une, sinon la première, Franco-Ontarienne à devenir diplomate canadienne. À ce titre, elle fait figure de pionnière pour les Canadiennes qui oeuvrent en diplomatie.

Micheline a également été membre du groupe fondateur de l’Association de la communauté du service extérieur canadien. Ce groupe avait comme mandat de sensibiliser le Parlement et le Conseil du trésor sur les défis et conditions de vie des familles qui accompagnent les diplomates dans leur vie de nomade. À ce titre, elle a œuvré activement à améliorer la situation des familles, et plus particulièrement, la vie et le rôle des femmes de diplomates par l’entremise de dossiers tels que l’obtention du congé sans solde, les ententes de réciprocité pour les permis de travail et la réintégration en milieu de travail canadien.

Quelques jalons d’une carrière diplomatique

Au cours de sa carrière de diplomate, Micheline a laissé sa marque dans plusieurs dossiers, dont l’économie, la politique, l’éducation, les droits de la personne, la résolution de conflits, la promotion de la paix et l’aide au développement. En résumé, voici quelques points marquants de sa carrière.

Lors des événements de 1989 en Chine au moment où l’armée a ouvert le feu sur les jeunes qui manifestaient pour la démocratie sur la place Tiananmen — Micheline était responsable du programme de développement du Canada en Chine et a participé de près au développement de la réaction et de la démarche du gouvernement canadien à cette tragédie.

Durant la guerre civile du Sri LankaMicheline a été directrice du programme d’aide canadien dans ce pays; elle était responsable d’une équipe qui a reformulé la politique des relations du Canada avec le Sri Lanka, en redirigeant l’appui vers la résolution de conflits, la promotion de la paix et la reconstruction (une première dans l’histoire du Canada).

Programme d’aide au Japon — choisie par le gouvernement canadien en 1992 dans le cadre d’un programme d’échange de personnel avec le gouvernement japonais, Micheline a oeuvré au sein du ministère japonais des Affaires étrangères. C’était la première fois que le Japon acceptait de recevoir un non-Japonais dans sa bureaucratie. Les Japonais ont puisé dans son expérience pour développer des outils d’évaluation de projets, et pour l’utilisation de l’aide au développement en vue de la résolution des conflits et la promotion de la paix. Pour le Japon, ce fut  le début de l’utilisation de l’aide au développement dans ce domaine.

De retour au Canada en 1996, Micheline a été nommée conseillère spéciale pour les relations avec le Japon auprès du gouvernement canadien, poste qu’elle a tenu jusqu’à sa retraite en 2002.

livre MichelineMicheline est l’auteure de plusieurs livres dont l’ouvrage de référence, «Japan’s System of Official Development Assistance» (1999) qui a été acclamé pour son excellence et sa véracité par le gouvernement japonais. Elle est également l’auteure de «Coopératives, État et Paysans. Rôle des coopératives dans la production vivrière au Sénégal» (1981) qui est devenu un ouvrage de référence dans les universités canadiennes.

Elle a également publié deux livres en généalogie, dont un ouvrage en 2013 qui rend compte de la contribution de sa famille au développement du Nord de l’Ontario.  Pour vous procurer son livre « Le rendez-vous 2013» qui relate l’histoire de famille Francis Beaudry et de sa descendance à Verner à partir de 1893, vous pouvez communiquer avec l’auteure par courriel : beaudrymiche@gmail.comBeaudry, livre Verner

Au moment de sa retraite, Micheline a reçu un diplôme de Prime au Mérite «pour avoir contribué de façon exceptionnelle et remarquable à l’excellence de la fonction publique».

Elle met maintenant à profit ses connaissances et expertises au sein d’organismes locaux et régionaux en Outaouais, toujours avec le souci d’améliorer les conditions de vie des gens et de faire la promotion de la culture et des arts. Elle est membre active du Chœur classique de l’Outaouais depuis 1996 et a chanté dans de nombreuses chorales du monde.

Note historique : Au moment où Micheline Beaudry-Somcynsky est devenue diplomate, il y avait peu de francophones dans le corps diplomatique canadien et encore moins de femmes. Étant l’une des premières Franco-Ontariennes à devenir diplomate canadienne, elle a dû travailler d’arrache-pied pour surmonter les préjugés portés par le regard des autres. Il lui a fallu prouver qu’elle pouvait voyager seule, qu’elle pouvait participer seule à des rencontres internationales, qu’elle était capable de mener des négociations, qu’elle savait comment agir dans des situations difficiles même lorsque sa sécurité personnelle et celle de son équipe étaient en jeu, qu’elle pouvait monter des dossiers complexes et difficiles en dirigeant des équipes multidisciplinaires, et qu’elle saurait s’adapter à des contextes culturels où elle devait faire accepter qu’elle fût une femme. Son travail de pionnière dans l’univers diplomatique a contribué à ouvrir la voie aux femmes dans la diplomatie canadienne et internationale. Dans plusieurs des contextes où elle a œuvré, c’était la première fois que les équipes côtoyaient une femme dans un poste de direction.

NDLR : Micheline Beaudry-Somcynsky est la coauteure de ce profil. Grâce à sa générosité de temps et d’information, j’ai pu résumer les grandes lignes de son parcours professionnel. Je lui suis reconnaissante de l’appui qu’elle a accordé aux Elles du Nord, et je la remercie vivement et chaleureusement.

Certification 2013

Andrée (Hébert) Brunelle

Infirmière, hygiéniste dentaire, professeure, gérante de campagne politique provinciale, femme d’affaires, musicienne, bénévole

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Photos : courtoisie de Suzanne (Brunelle) Drover, c. années 1970

Née à Magog au Québec en 1921, Andrée est la fille de Napoléon Hébert et de Marie-Anne Boissonneault. La plus jeune d’une famille de 17 enfants, elle a fait ses études primaires et secondaires chez les Filles de la Charité à Magog.

Fascinée par l’apprentissage, Andrée a d’abord fait ses études en sciences infirmières à l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke en 1945. Elle souhaitait devenir hôtesse de l’air, mais à l’époque, elle a été refusée à cause de son port de lunettes.

Plus tard, Andrée s’est spécialisée en sciences dentaires à la University of Columbia (New York), où elle a obtenu un baccalauréat en 1949.

Andrée a également obtenu un baccalauréat en musique, et un certificat en enseignement primaire, secondaire et universitaire.

Suite à ses études, elle a travaillé au département fédéral de santé à Ottawa pendant un an avant d’accepter un poste de professeure à l’Université de Toronto. Andrée a fondé et dirigé les cours d’hygiène dentaire à la faculté de l’Art dentaire de l’Université de Toronto.

Au cours des années 50, elle a rencontré René Brunelle alors qu’il était en voyage d’affaires à Toronto. Ils se sont mariés en 1956, et Andrée est alors déménagée dans le Nord de l’Ontario, où a débuté une longue carrière de dévouement communautaire et politique.

Originaire de Penetanguishene, la famille de son conjoint, René Brunelle, habitait le Nord de l’Ontario depuis 1925 — d’abord à New Liskeard, ensuite à Cochrane, et éventuellement à Moonbeam au Lac Rémi. Le père de René a lui-même construit le célèbre site touristique Chalet Brunelle en 1928, qui, à l’époque de sa construction, et pendant une trentaine d’années, s’est appelé le Moonlight Camp.

Même si Andrée n’était pas familière avec le Nord de l’Ontario à son arrivée, elle s’y est rapidement enracinée pour bâtir une famille et un avenir avec René et leurs quatre enfants.

Andrée a été le bras droit de René pendant sa prodigieuse carrière politique dans le Nord. En effet, René Brunelle a été le représentant de Cochrane Nord à Queen’s Park pendant 23 années consécutives, soit de 1958 à 1981. Andrée a joué plusieurs rôles dans la carrière politique de son conjoint et a assurément contribué à son succès.

À l’époque où René Brunelle était député provincial pour Cochrane Nord, la circonscription englobait un vaste territoire incluant de Timmins à Iroquois Falls, jusqu’à Hearst.

La route pour faire campagne était longue et les heures de travail l’étaient également! Andrée conduisait son mari à toutes les destinations de la circonscription et s’occupait de dactylographier tous les documents. Elle était également une référence critique pour ses discours et ses présentations. De retour à Moonbeam, elle gérait les horaires de rendez-vous avec les citoyennes et citoyens.

En plus d’élever sa famille et de soutenir la carrière politique de son conjoint, Andrée s’est toujours impliquée dans sa communauté en siégeant à divers comités. Elle a été la fondatrice de la bibliothèque de Moonbeam, ainsi que présidente du comité de la bibliothèque.

Elle a été membre et présidente du Conseil de Pastorale, a siégé au conseil d’administration de l’Aide à l’enfance, a été organisatrice de repas pour la congrégation des sœurs cloîtrées à Moonbeam, organiste à l’église, présidente du comité des scouts et fondatrice du Domaine Portage !

Pendant ses années dans le Nord, Andrée a également enseigné au palier primaire et secondaire et a été très connue pour sa gestion de l’entreprise familiale — le site touristique,  Chalet Brunelle au Lac Rémi (Moonbeam).

Chalet Brunelle

Site du Chalet Brunelle

Le Chalet recevait une clientèle diversifiée pendant la saison estivale, qui, au départ, était essentiellement américaine pendant les années 60. Andrée gérait la salle à manger, le bar, les chalets, le motel, les roulottes, les canots et les bateaux, les pompes à essence, la cantine, la plage et le garage des chasseurs. Elle a fait ce travail jusqu’à la vente du Chalet Brunelle en 1985.

Andrée est décédée le 8 juin 2014  à Magog, sa ville natale à l’âge de 92 ans, Pendant les dernières années de sa vie, elle a bien profité des joies que lui apportaient ses 3 petits-enfants et son arrière-petit-enfant.

Note historique : Plusieurs endroits ont été nommés en l’honneur de René Brunelle, dont un parc situé au nord de la route 11 et du village de Moonbeam, à 32 kilomètres à l’est de Kapuskasing, sur la rive est du lac Rémi.  Monsieur Brunelle a pris sa retraite de la politique en 1990 à l’âge de 70 ans, et le couple Brunelle est déménagé à Magog en 2001. René Brunelle y est décédé en 2010.

Références : kapuskasingtimes.com/2010/04/22/farewell-mr-brunelle; Article :  «René and Andrée Brunelle. Finally together after 26 years of mariage», Northern Times, October 21, 1981; Livre : Héritage Moonbeam; : ontarioparks.com; caissealliance.com; texte de Suzanne (Brunelle) Drover.

Certification 2013

Marie Bélanger Lafrance

Pionnière du Moyen-Nord, couturière, tisserande*

Marie Bélanger Lafrance

Photo : avec l’aimable autorisation de Michelle de la Chevrotière-Eber, arrière-petite-fille de Marie Bélanger, c.1887; provenant de la collection privée de Julienne French Lafrance, épouse de Simon Lafrance, fils de Marie Bélanger Lafrance.

Marie Bélanger est née à Ormstown au Québec en 1869. Suite au décès de son père Christophe Bélanger, Marie et sa mère Marguerite Grenier Bélanger sont déménagées dans l’Est ontarien à St-Isidore de Prescott, où vivaient les grands-parents maternels, les Grenier.

Marie y a épousé François Lafrance, fils d’Onésime et Sophie Lapointe Lafrance, en 1889, à l’âge de 19 ans.

Ils ont alors vécu avec la famille Lafrance à St-Albert, dans le canton de Russell où le frère et demi-frère de Marie étaient également établis. En 1891, suite au décès tragique de Madame Henriette Asselin Lafrance (grand-mère de François Lafrance) dans un incendie, le couple est déménagé à Sturgeon Falls, dans ladite municipalité de Springer.

Au moment de leur déménagement en 1891, la ville de Sturgeon Falls n’avait pas encore été incorporée (date d’incorporation : 1895). La population comptait environ 850 personnes, dont une proportion importante de francophones (33 %). Le premier bureau de poste de Sturgeon Falls a ouvert ses portes en 1891.

Même si la vie des familles pionnières était éprouvante à cette époque, Marie et François ont relevé les défis du Nouvel-Ontario. François a été l’un des premiers laitiers de la région, et Marie était bilingue, ce qui lui donnait un avantage du point de vue de l’adaptation en terre ontarienne.

Marie, femme d’affaires

Marie a non seulement été couturière et tisserande, elle a aussi été une des premières femmes d’affaires à Sturgeon Falls. Artisane, elle tissait ses propres étoffes et confectionnait des robes qu’elle vendait aux femmes de Sturgeon Falls et des villages environnants. Autrefois, les fibres synthétiques n’existaient pas donc on peut s’imaginer que Marie travaillait la laine, le lin et le chanvre, peut-être confectionnait-elle aussi des nappes, des draps, des couvertures et d’autres articles utiles dans les maisonnées d’époque.

Sa clientèle locale devait sûrement lui rapporter un revenu d’appoint qui était fort apprécié de la famille, tout en permettant à Marie d’exprimer sa créativité artistique personnelle.

D’ailleurs, Maire portait fièrement ses créations confectionnées à partir de tissus qu’elle avait elle-même tissés comme c’est le cas dans la photo prise vers 1887 (voir ci-dessus) alors qu’elle avait 17 ans, soit environ 2 ans avant son mariage.

La descendance de Marie

Entre 1890 et 1911, Marie a donné naissance à 13 enfants dont 8 ont survécu. En 1922, à l’âge de 53 ans, Marie a également adopté une petite fille prénommée Marguerite, dont la mère était décédée d’une appendicite gangreneuse et le père d’une fièvre typhoïde, quelques jours après la naissance de l’enfant.

L’enfant Marguerite était prématurée et de santé fragile. Sans incubateur, Marie faisait ce que les mères et sages-femmes faisaient à cette époque — elle a placé le nouveau-né sur le bord de la fenêtre pour lui permettre d’absorber la chaleur des rayons du soleil !

À l’âge adulte, Marguerite a épousé Robert Gareau à Sturgeon Falls en 1940, avec qui elle eut 3 enfants.

Parmi les 8 enfants de Marie et François, la plus jeune des filles, Jeanne, est devenue religieuse dans la congrégation de Sainte-Croix en 1928 (Sr Saint-François).

Un des fils, Aldéric, a été propriétaire avec sa femme Yvonne McMurray Lafrance, de l’hôtel Prince George à Kirkland Lake de 1950 à 1972.

Paul, l’aîné des fils, et sa femme Laura Serré ont eu 13 enfants, dont 3 qui habitent toujours Sturgeon Falls.

Photo de famille de Marie Bélanger et François Lafrance, c. 1930-1933

Marie B. et famille

Photo : avec l’aimable autorisation de Michelle de la Chevrotière-Eber, arrière-petite-fille de Marie Bélanger, provenant de la collection privée de Julienne French Lafrance, épouse de Simon Lafrance, fils de Marie Bélanger Lafrance.

Derrière, de g. à d.: Paul, Philippe, Romuald, Aldéric, David, Simon. Devant, de g. à d.: Francois, inconnue, Jeanne (Soeur), Marie, Hedwidge En avant : Marguerite.

Marie est décédée en 1950 à l’âge de 81 ans. Elle est inhumée au cimetière Sainte-Marie à Sturgeon Falls.

Note historique : Marie a été connue par sa descendance comme étant « Marie de Prescott ». St-Isidore de Prescott est situé dans le canton de Prescott et Russell dans l’Est ontarien. Au moment de l’incorporation de ce village en 1989, le nom officiel est devenu St-Isidore. Puis, en 1998, le village, et son nom ont été agglomérés dans la municipalité de La Nation.

*J’aimerais remercier Michelle de la Chevrotière-Eber bien chaleureusement pour sa générosité et sa disponibilité. Michelle a partagé les dossiers personnels de son arrière-grand-mère avec les Elles du Nord et a rédigé la première version de ce profil (en anglais). Avec son aimable collaboration, j’ai traduit et adapté le texte pour le publier sur ce blogue.  Je remercie également Mark Wheeler de nous avoir mises en contact.

Références : Texte de Michelle de la Chevrotière-Eber, arrière-petite-fille de Marie Bélanger Lafrance; ontarioplaques.com; thecanadianencyclopedia.com; « Histoire de Sturgeon-Falls », Documents historiques no 12, Société historique du Nouvel-Ontario, Collège du Sacré-Cœur, Sudbury, Ontario, 1946.

Certification 2013

Dominique Bouchard

Nageuse de compétition

Dominique Bouchard 2014

Photo : avec l’autorisation de Marise et Yvan Bouchard

Citoyenne du monde, Dominique est née en Alberta en 1991, et a grandi à Kirkland Lake et North Bay.

Elle a étudié à l’école secondaire catholique Algonquin à North Bay, et a été membre du club de natation North Bay Y Titans de 1998 à 2009.

Par la suite, Dominique a étudié aux États-Unis. Depuis son jeune âge, elle participe à des compétitions de natation dans plusieurs villes et pays, dont Sydney en Australie, Londres en Angleterre, Shenzhen en Chine, ainsi que plusieurs villes américaines.

Dans sa discipline de compétition, Dominique est spécialiste des épreuves de dos au 50 mètres, 100 mètres et 200 mètres, ainsi qu’au 200 mètres 4 nages.

Elle relève les défis de la compétition depuis l’âge de 7 ans au palier régional, national et mondial. Athlète réputée, Dominique se classe fréquemment parmi les trois meilleures dans les compétitions auxquelles elle participe.

En 2008, à l’âge de 17 ans, elle a obtenu sa première médaille au niveau international (argent) à Sydney en Australie. Cette médaille lui a été décernée lors du Festival des Futurs Olympiens (Youth Olympic Festival).

En 2010 et 2011, Dominique a fait partie de l’équipe canadienne de natation, d’abord aux Jeux Panpacifiques à Irvine  en Californie, et par la suite, aux Universiades d’été en Chine. Au cours de ces deux Jeux, elle a participé au 100 mètres et 200 mètres dans les épreuves de dos. Elle s’est classée 4e  dans les épreuves de dos au 200 mètres.

Dominique (nage)

Dominique a obtenu le titre de championne canadienne à plus d’une reprise et a fracassé des records. En 2012, elle s’est classée 4e aux Essais olympiques, et 3e au championnat NCAA, tout en  obtenant le record du 200 mètres aux épreuves de dos de la division sportive Big Twelve aux États-Unis. Elle est présentement détentrice de ce record (en date de 2013).

En 2013, à Indianapolis, elle a obtenu une 2e place aux championnats NCAA dans l’épreuve de dos 200 mètres, où elle a battu son propre record. Ce record s’avère également être le record de l’Université du Missouri, où Dominique poursuit ses études depuis 2010. En battant ce record, Dominique s’est classée 7e pour la performance la plus rapide dans toute l’histoire des championnats NCAA !

Au cours de l’année universitaire 2012-2013, Dominique détenait le titre de Capitaine de son équipe de natation, et a été nommée « joueur le plus utile » (MVP) de son équipe en mai 2013. Elle fait également partie du Oakville Aquatic Club, un club de nage compétitive.

En 2014, elle a obtenu deux diplomes universitaires, dont un baccalauréat en sciences bilologiques et un baccalauréat en psychologie (cum laude). Elle poursuit présentement ses études de maitrise en administration des services de santé (Masters in Health Administration) à l’Université du Missouri en vue d’une éventuelle carrière dans les soins de santé.

En 2014, Dominique a fait partie de l’équipe nationale canadienne de natation et a représenté le Canada aux Jeux Pan Pacifiques en Australie au mois d’août de la même année. Lors de ces Jeux, elle a dépassé deux de ses records personnels dans le 100 et 200 mètres dans les épreuves de dos. Elle s’est également classée 5e et 6e respectivement dans ces deux courses qui incluaient six des meilleures nageuses au monde dans cette catégorie de nage.

Dominique poursuit son entraînement aux États Unis et espère se qualifier au printemps 2015 pour les Jeux Mondiaux de natation a Kazan en Russie. Elle fera également partie de l’équipe canadienne aux Jeux Panaméricains  à Toronto en juillet 2015. Dominique a partcipé aux jeux Olympiques d’été à Rio de Janeiro au Brésil en 2016 (jusqu’en demi-finales). Une carrière à suivre…

Références : missourigrandprix.com; swimming.ca; lequiipe.fr; swimmingworldmagazine.com; northbaynipissing.com; oakvilleaquatics.ca; texte de Yvan et Marise Bouchard.

Certification 2013

Julie Béchard

Travailleuse sociale, militante pour la justice envers les femmes, défenseure des droits de la personne et des droits francophones, mentor auprès des jeunes filles, bénévole

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Photo : avec l’autorisation de Julie Béchard

«Ces cinquante dernières années, plus de femmes ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes que d’hommes ne l’ont été sur les champs de bataille du XXe siècle».

— Manon Loizeau, préface de La moitié du ciel : enquête sur des femmes extraordinaires qui combattent l’oppression, 2010

Née à Montréal, Julie habite l’Ontario depuis sa tendre enfance. Vivant d’abord à Welland, ensuite à Georgetown, la famille de Julie a éventuellement élu domicile permanent à Timmins.

Julie a fait ses études primaires et secondaires à Timmins. Par la suite, elle a fait des études en Techniques de travail social au Collège Boréal (1996-1997), et elle a complété un baccalauréat en psychologie à l’Université de Hearst en 1997.

Sensible à la réalité des femmes et aux questions de justice sociale, Julie revendique avec passion l’accès à des services en français et l’amélioration de la condition de vie des femmes dans sa région depuis une quinzaine d’années.

Elle est présentement la directrice-fondatrice du Centre Passerelle pour femmes de Nord de l’Ontario. Ce centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel a vu le jour en 2005.

Julie est également la directrice-fondatrice d’une maison d’hébergement pour les femmes d’expression française qui sont aux prises avec un conjoint violent. La Villa RenouvEllement accueille des femmes et leurs enfants de la région de Timmins depuis 2008.

Entre 1997 et 2005, Julie a travaillé au sein de l’Association canadienne pour la santé mentale où elle a été gestionnaire de cas et intervenante en santé mentale et en gestion de crise.

Très impliquée dans sa communauté depuis son adolescence, Julie a siégé à plusieurs conseils d’administration et organismes, dont les Services d’orientation et d’aide immédiate aux victimes, la Conférence Entre Elles, l’Hôpital de Timmins et du district, et plus récemment, le Comité d’action inter-agence contre la violence familiale de Timmins et l’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes.

À titre de bénévole, Julie a  une longue implication auprès des Guides du Canada et des Grands frères et Grandes sœurs de Porcupine (1991-2002).

Elle a également été professeure à temps partiel dans le programme de Techniques de travail social au Collège Boréal. Elle y a enseigné l’introduction à la psychologie, l’éthique en travail social, les ressources communautaires et les techniques d’observation et d’enregistrement.

Dans son rôle de directrice du Centre Passerelle, Julie participe à l’élaboration de divers protocoles d’entente avec des partenaires communautaires dans les secteurs de santé mentale, de toxicomanie, des services à l’enfance, du secteur de justice, et autres secteurs. Ces protocoles visent à assurer que les femmes qui vivent de la violence jumelée avec d’autres défis aient accès à une gamme de services adaptés à leur culture et à leur langue.

En 2011, le gouvernement de l’Ontario lui a remis le Prix de distinction pour les services aux victimes. Ce prix rend hommage non seulement à des victimes d’actes criminels, mais aussi aux professionnels et bénévoles du secteur des services aux victimes qui se sont distingués dans leur collectivité.

Écoutez Julie nous parler du projet de l’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes à Timmins (2 min.).

Références : centrepasserelle.ca  francofemmes.org  news.ontario.ca textes de J. Béchard-Fischer

Certification 2013

Béatrice Bessette

Pionnière du Moyen-Nord, enseignante, historienne communautaire, bénévole

Béatrice Bessette

© Société historique du Nipissing

Née Béatrice Laferrière à Astorville, en 1912 d’un père québécois et d’une mère d’origine irlandaise, Béatrice a grandi dans le canton de Chisholm.

Outre ses cinq années passées à l’École modèle de Sturgeon Falls, en vue de se qualifier comme institutrice pour les écoles bilingues (c’était l’époque du Règlement 17), Béatrice a vécu toute sa vie à Astorville.

Elle a épousé Francis Bessette de Chisholm en 1935, et a élevé 12 enfants.

Béatrice a enseigné dans les écoles de rang pendant 13 ans, en plus de travailler à titre de secrétaire pour le Conseil dans une autre école à Astorville à partir des années 40. Elle est restée au service du Conseil pendant plusieurs décennies, suite à l’amalgamation des conseils d’Astorville, Bonfield, Chiswik et Corbeil, et plus tard, l’amalgamation avec North Bay en 1969.

Elle a une longue histoire de dévouement à sa communauté, notamment à la paroisse du curé Antonin Astor, le premier missionnaire d’Astorville, pour qui la ville a été nommée (à noter que la ville s’est d’abord appelée Lévesqueville en 1885 en l’honneur de son fondateur Joseph Alphonse Lévesque, et ensuite Nobonsing, avant d’être renommée Astorville en 1905).

À la paroisse d’Astorville, Béatrice préparait les animations des messes en anglais et à participé à la chorale. Elle a également été bénévole au « pique-nique » de la paroisse pendant 69 ans !

Béatrice a été décorée d’une médaille spéciale du Pape pour son dévouement et son service à l’église. Elle a aussi assisté au mouvement Cursillo, dirigé certaines de leurs sessions et participé au Ministère des laïques.

Elle a été reconnue par la mairie d’Astorville pour sa contribution exceptionnelle à la communauté.

Béatrice a été l’une des membres fondatrices du Club de l’Âge d’Or de sa région en 1986. Fait intéressant — sa maison d’Astorville est, en fait, la toute première école séparée d’Astorville qu’elle et son conjoint Francis ont achetée en 1945.

Tout au long de sa vie, elle a été une ressource importante pour l’histoire de sa paroisse et de la communauté d’Astorville. Elle a participé à de nombreuses entrevues pour des livrets ou articles sur l’histoire de sa région.

Son nom figure sur la liste des « porteurs de tradition » présentée  sur le site Web du Centre du folklore franco-ontarien. Les personnes sont ainsi nommées pour leur contribution à la conservation du patrimoine oral franco-ontarien.

Elle est décédée en 2001.

Note historique : À l’époque de l’École modèle de Sturgeon Falls, les institutrices devaient se requalifier pour l’enseignement tous les cinq ans en renouvelant leur certificat. L’École modèle avait été créée par le Ministère de l’Ontario pour qualifier les enseignants dans les écoles bilingues (c’était à l’époque du Règlement 17 qui interdisait l’enseignement du français dans les écoles de l’Ontario).

Références : Document biographique «98-99» préparé par la Société historique du Nipissing (date inconnue, ourontario.ca; entrevue menée en octobre 1997 par Hélène Legros de Corbeil);  pastforward.ca  eastferris.ca; cfof.on.ca; livre : Paroisse Saint-Thomas-d’Acquin, 1902-2002.

NDLR: J’ai rédigé ce résumé à partir de sources fiables et au meilleur de mes connaissances. Dans toutes les instances possibles, je tente de faire valider le contenu auprès de la personne ou de sa famille lorsqu’il est possible de le faire. Toutefois, s’il contient des erreurs, n’hésitez pas à m’en faire part. 

Yolande Bélanger

Pionnière dans le Moyen-Nord, entrepreneure et femme d’affaires, chef de file pour la francophonie, bénévole

Yolande Bélanger

Photo: avec l’autorisation de Mauril Bélanger

« [Lorsque] le conflit scolaire était en pleine effervescence à Mattawa, j’y ai pris une part active et ne l’ai jamais regretté. Si c’était à refaire, je serais encore prête à me tenir sur “la ligne de feu ».

— Yolande Bélanger, dans un document biographique de la Société historique du Nipissing

Née Yolande Dufour au Québec en 1925, Yolande a fait ses études à l’École normale Marguerite Bourgeois de Sherbrooke.

Elle a enseigné dans une école de rang dans un local sans eau courante ni électricité en plein hiver canadien.

Elle a également travaillé à la banque Canadienne nationale à une époque où elle devait répondre aux besoins bancaires d’une clientèle de trois villages, sans même une calculatrice ! Yolande ne se doutait pas que ces expériences de travail dans des contextes difficiles la préparaient à relever de grands défis plus tard dans le Nord de l’Ontario.

En 1946, elle a épousé Maurice Bélanger, et comme le voulait la tradition de son époque, elle a quitté son poste d’institutrice pour se consacrer à sa famille*.

En 1953, elle est déménagée en Ontario (près de Mattawa) pour y rejoindre son conjoint qui avait dû s’éloigner de son Québec natal pour travailler dans un campement d’opération forestière. Yolande y a travaillé comme « cook », nourrissant jusqu’à 30 travailleurs par jour pendant une période de 18 mois.

Par la suite, les circonstances ont fait en sorte que Yolande et son conjoint ont acheté un dépanneur à Mattawa en 1955, auquel ils ont éventuellement annexé une épicerie.

Face aux nombreux obstacles linguistiques et des soucis d’ordre familial complexes, Yolande a dû travailler d’arrache-pied pour communiquer avec les vendeurs, comptables et inspecteurs, en plus de se familiariser avec les formulaires et la tenue de livres, tout en élevant sa famille.

En 1966, elle a lancé une deuxième entreprise qu’elle a gérée pendant 27 ans à Mattawa sous le nom de « Chez Denise ». Ambitieuse et dévouée, Yolande, mère et entrepreneure, devait travailler 14 heures par jour, 360 jours par année pour « joindre les deux bouts ».

À travers les épreuves et les responsabilités de la vie, Yolande s’est également consacrée à plusieurs œuvres bénévoles, particulièrement celles qui touchaient la francophonie et l’éducation.

Elle a mis sur pied et dirigé la chorale française de Mattawa pendant des décennies et a également siégé au conseil de sa paroisse pendant 34 ans.

Elle a participé à la Fédération des femmes canadiennes-françaises (FFCF), y occupant des postes à l’exécutif local et au régional, et éventuellement secrétaire au palier provincial.

Yolande a également fait partie de celles et ceux qui ont défendu le droit de voir flotter le drapeau franco-ontarien. Malgré une population à 85 % francophone à Mattawa, la bataille des francophones a dû se faire insistante !

En 1978, Yolande est devenue membre du Comité consultatif de langue française du Conseil scolaire pour représenter les francophones de l’Est du Nipissing: Bonfield, Mattawa et Thorne.

Si Mattawa a une école secondaire de langue française aujourd’hui, c’est aussi en grande partie grâce à ses efforts.

En 1984, elle a été représentante de la ville de Mattawa aux assises de la Cour d’Appel de l’Ontario, à Toronto. De cette cause, les francophones de l’Ontario ont obtenu leurs conseils scolaires homogènes.

Elle est décédée à Mattawa en 2009.

Un secret de la vie partagé par Yvonne

« Il faut se rappeler que la vie est belle et qu’en y cherchant les facettes positives, on apprend à l’aimer, à l’apprivoiser. Il faut s’habituer à porter des lunettes roses aux jours où les nuages s’amoncellent et les garder jusqu’à ce que l’arc- en-ciel fasse son apparition. »

*Parmi ses enfants se trouve Mauril Bélanger, député fédéral libéral d’Ottawa-Vanier depuis 1995, et ardent défenseur des droits des francophones en Ontario.

Références : Document biographique «98-99» préparé par la Société historique du Nipissing (date inconnue, ourontario.ca);  openparliament.ca; texte de M. Bélanger

Certification 2013